06 novembre 2006

Ecureuil

Une odeur de noisette sur l’écorce
Le coupe-papier effleure la page, le grain brun, mat
L’écureuil court le long, s’enserre le museau des pattes, se cache les yeux, se détourne, revient, regarde, furtif, se détourne, regarde, revient, grimpe le long d’un cuir tiède, sans souffle, regarde, se cache le museau, se détourne, revient, attend, sur le cuir tiède, sa queue touffue palpite
Le rocher s’étire au dedans, les continents intérieurs prennent forme
Sa queue touffue et d’or roux palpite, caresse le grain brun, l’écorce se lézarde, l’écureuil s’effraie, se rassure, pointe son museau dans l’aube plus fraiche, se nettoie les yeux des pattes, deux petites perles humides qui brillent
Les continents sont des esquifs, près à cogner au cuir mat du rivage
De sa queue touffue l’écureuil caresse la page, caresse les pages peu à peu libérées par l’effleurement, l’écureuil furète sur le cuir, la couverture, la peau tiède qui s’exprime, les continents dressent l’oreille, prennent conscience d’eux-mêmes, l’écureuil parti.
Le jour.
La noisette.



5 novembre 2006

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

j'aime
les couleurs du blog
l'écureuil qui pleure
l'irréel du cuir grimpé et du roc qui s'étire
les continents

2:09 PM  
Blogger Pierre said...

Au Steinhof, à Vienne, hôpital et asile, où, par cheminement de mémoire à Thomas Bernhard qui connût le sanatorium, j'ai mené mes pas très récemment, en un jour ensoleillé de novembre déconnecté de ces mots-ci, j'ai vu, dans le grand parc, minuscule et plus léger qu'une plume voletant au dessus des herbes, un écureuil.
Mon coeur a basculé.

Dire plus peut-être. Une autre fois.

1:07 AM  

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