05 octobre 2007

L'envie singulière

L'envie singulière, l'envie singulière d'écrire pullule. Alors que je n'écris pas, ou peu, je me sens en état d'écriture permanent. Je ne sais comment écrire, je ne sais comment me mettre à écrire. Je sais en revanche bien que la vie se charge en sous-main de travailler les dénivelés de la cartographie de mon paysage d'écriture, là où les sédiments se blottissent et là où la roche s'étincelle. Au fil des heures et années récentes j'ai bien volontiers contracté des jouissances dans le réapprentissage d'une expansion qui saurait s'étirer au delà des mots seuls, des goûts nouveaux, et je me suis libéré de nombre de mes censures. Ce par quoi mes envies de l'écrire sont neuves, fraîches, quoique encore désorientées.
Dans les couleurs du poétique j'ai été conquis par une autre épaisseur, où verticales et horizontales esquissent d'autres pas dans l'espace. Enrichi de cette tonalité je recherche toujours une amplitude dans la forme, dans ce que le temps et la longueur d'écriture permettent de dilater, au service d'émotions que je voudrais épanouir dans une narration souple, désormais encore plus affranchi des contraintes de forme.

L'idée de ramener l'écriture à la maison et d'y trouver mon atelier propre m'aura, pendant ces quelques mois de transition, impulsé avec l'impatience de l'enfance. J'ai voulu être prêt, anticiper pour mieux être à même de jouer pleinement la partition que je m'étais fixée, pour au mieux prendre le mouvement et vivre le plus richement cette arrivée souhaitée de l'impulsion propre.
Ce furent des mois d'éveil, d'épiphanies piétonnes, à vivre l'écriture du dedans, à m'en repaître, avant que de parvenir à composer. Ce fut un texte long, inattendu dans son contenu et sa longueur, le plus long sans doute depuis toujours, premier assaut vers ce que je voudrais faire fructifier, sans extase, sans hurlements aux loups, écho de ma musique intérieure, dans une expression des sens, une écriture du fond, pas du drame.

J'ai des volontés immenses et l'exigence qui va avec.
Je voudrais avoir la distance et découvrir mes textes dans un autre miroir, qui me permettrait de mieux sentir mes fourvoiements et entendre ce qui coule là où l'empreinte fonctionne.
Je voudrais pouvoir écrire et articuler un texte, un projet, une oeuvre que diable, qui trouve en elle-même sa propre logique et ses propres nécessités de prolongement.




29 septembre 2007, Paris