19 décembre 2006

Au bord du lit

- Tu es sûr que ça ne te dérange pas ?
- De quoi ?
- De dormir dans le même lit que moi.
- Ah. Non non. Certain.
- Parce que si tu veux je peux t’installer une couverture par terre, bon ce ne sera pas très confortable mais c’est comme tu préfères.
- T’inquiète. Aucun problème.
- Bon c’est comme tu veux alors, c’est que je ne suis pas trop habitué tu comprends, je ne voudrais pas que tu croies, c’est toujours un peu gênant.
- Mais non, t’inquiète pas. Tu sais moi j’ai dormi pendant dix ans dans le même lit que mon frère. C’est plus toi, si tu es habitué à dormir tout seul. Moi je dors n’importe où.
- Ah non, il est hors de question que je te laisse dormir par terre alors qu’on a un grand lit. C’est dommage que je n’aie pas su avant que mon frangin rentrait ce matin, ça tombe mal. Enfin bon, il est tard de toutes façons, je suis tellement crevé que je vais m’endormir d’un coup.
- Moi pareil. Je peux utiliser la salle de bain maintenant ?
- Non non, vas-y maintenant. Au fait, tu dors de quel côté dans le lit ?
- Je dors de quel côté ? Euh, je sais pas. Attends. Plutôt à gauche.
- Ah.
- Quoi, toi aussi ?
- Non non mais ça n’a pas d’importance, je peux changer pour une fois et dormir de l’autre côté.
- Mais non, je t’ai dit que je dormais n’importe où. Attends, je change mes affaires de place.
- Mais, pourquoi tu me dis que tu changes de côté, parce que maintenant c’est là que tu vas dormir à gauche.
- Ah ben non, c’est le contraire, si je vais ici, je suis à droite.
- Mais non, là c’est ma place habituelle et je dors à gauche.
- Comprends pas.
- Mais si écoute, quand je suis couché dans le lit, là, je suis à gauche, c’est évident.
- Mais non, c’est le contraire.
- Mais si regarde, quand je suis là, je dors sur le côté gauche, et c’est mon côté gauche qui est contre le matelas.
- Peut-être bien, mais tu es à droite dans le lit.
- Tu le fais exprès ou pas ? Regarde, là, je me mets sous la couette, regarde, hein, je suis bien à gauche, non ?
- Ben non, justement pas, quand je te regarde tu es à droite dans le lit.
- Oh là là ce que tu es compliqué, c’est vrai que tu es mal latéralisé.
- Peut-être, n’empêche que quand je regarde le lit, tu es à droite. Moi de toutes façons je dors à plat ventre, et je peux te dire que je suis bien à gauche dans le lit.
- Tu me fatigues.
- C’est toi qui me fatigues, je vois bien depuis le début que tu n’as pas envie de partager ton lit.
- Ce n’est pas vrai.
- Oh et puis c’est pas la première fois qu’on me fait le coup de la droite et de la gauche, c’est toujours à moi de me plier à la règle de l’autre, j’en ai marre. Tout ce que je sais c’est que je dors de ce côté là, tu vois bien mon doigt, là, c’est celui qui tient la petite cuillère, et ben quelque soit le nom, c’est là que je dors.
- Comme tu veux, ne te fâche pas.
- C’est bon, je me fâche pas. Bon, merci, je me mets là alors. Ça tombe bien finalement.
- C’est vrai. Tu la prends la salle de bain, ou pas ?
- Non, tant pis, j’ai la flemme.
- C’est toi qui sens des pieds comme ça ?
- Non c’est toi.
- Toi aussi.
- Attends. Ah oui. N’empêche que pour la gauche, c’est moi qui ai bon.



décembre 2006, Paris

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

arghh
j'espère que c'est pas une expérience vécue
ça me rappelle un grand lit double qui avait un creux au milieu
j'ai fini la nuit sur le tapis

1:55 PM  

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