15 août 2006

Avant de savoir

Je suis avant de savoir
Pas encore les sens au complet
Les pieds sur la matière vibrante, la matière vibrante
Qui s’infuse dans chaque membre conscient
Jusqu’à la pointe du sommet, le capuchon du haut.


Je vibre avant de savoir
Ces trémulations ont passé le cap de la secousse viscérale
Mon deuxième corps cogne mon premier véritable
Mon deuxième corps cogne, mais doux et gigogne
Mon premier corps, plus certain de lui-même.


Mon deuxième, avant de savoir
Novice sentiment du toucher
Chahut et cahot et bois et verre
Ce qui monte de la gorge a envie de sourire
Vision latérale qui coule, qui sait le verso.


Espace qui ne sait que son périmètre encore
Grincement flûté, qui insiste et frisotte au vestibule
Droite et gauche se contredisent, sans s’annuler
Un jeu de corps, à somme non nulle
Qui franchit l’enveloppe et décuple.


Dépassement des constantes
Odeur doucement brûlée, une oreille collée à la paroi
Un mille-pattes strie et chatouille l’intérieur
Un goût jaune, de miel, suave
Le rideau de paupière absolument ouvert
Le corps devient la secousse
Et plaisir.


Je suis la caméra
Le point de vue subjectif aux commandes
Qui ne voit pas ses mains mais
Qui a deviné, ou peut-être même créé, la ligne droite
Qui va devant
Je suis le rail mais avant le rail
Je suis le point mobile, juste avant de me compléter.



Budapest, août 2006