28 octobre 2006

Bredoulocheux

de Lewis Carroll


Il était reveneure ; les slictueux toves
Sur l'allouinde gyraient et vriblaient ;
Tout flivoreux vaguaient les borogoves ;
Les verchons fourgus bourniflaient.

« Au Bredoulochs prends bien garde, mon fils !
A sa griffe qui mord, à sa gueule qui happe !
Gare l'oiseau Jeubjeub, et laisse
En paix le frumieux, le fatal Pinçmacaque ! »

Le Jeune homme, ayant ceint sa vorpaline épée,
Longtemps, longtemps cherchait le monstre manxiquais,
Puis, arrivé près de l'arbre Tépé,
Pour réfléchir un instant s'arrêtait.

Or, tandis qu'il lourmait de suffèches pensées,
Le Bredoulochs, l'œil flamboyant,
Ruginiflant par le bois touffeté,
Arrivait en barigoulant !

Une, deux ! une, deux ! Fulgurant, d'outre en outre,
Le glaive vorpalin perce et tronche : flac-vlan !
Il terrasse la bête et, brandissant sa tête,
Il s'en retourne, galomphant.

« Tu as tué le Bredoulochs !
Dans mes bras, mon fils rayonnois !
O jour frableux ! callouh ! calloc ! »
Le vieux glouffait de joie.

Il était reveneure ; les slictueux toves
Sur l'allouinde gyraient et vriblaient ;
Tout flivoreux vaguaient les borogoves ;
Les verchons fourgus bourniflaient.



Lewis Carroll, extrait de "Tout Alice" - De l'autre côté du miroir
(traduction H. Parisot)

23 octobre 2006

Vide

Tous les horizons
verticaux
Toutes les couleurs possibles
en même temps
Toutes les notes de la gamme
plaquées
Toutes les paroles
un seul son
Tous les mots tracés
sur les autres
Tous les nombres
alphabétisés
Toutes les formes
superposées
Toutes les odeurs
liquéfiées
Tous les reflets
fondus entre eux
Toutes les symétries
repliées
Toutes les solitudes
en-colliées
Toutes les limites
débordées
Toutes les nuits
illuminées
Tous les rêves
apostrophés
Une roue écervelée
L’éclat de rire de l’escargot
La transparence du caméléon
Le silence sur le vacarme
Avant l’Avant




Paris, mai 2006