06 septembre 2007

Filambule



J’ai posé mes talons dans le pré


Les talons dans le pré dans l’herbe dans le vent de la terre dans le tapis humide caressé vert touffu


Le talon comme possibilité de début du corps
comme première reconnaissance
comme premier contact à la source
prémices à l’idée du flux discret


Le pré
terre du fini et du début de la promenade immobile
Déroulement du corps recueilli et étendu au fauteuil


Une promenade peut-elle s’arrêter
Une promenade le long d’un rivage ne devrait pas se finir ne devrait pas pouvoir se finir
car là où tout le long la mer s’effrange toujours il y a terre et sable
et les pas seront infinis


Tous les champs seront libres et grands
grands et libres ouverts à l’œil dans sa composition du paysage
libre recomposition des perspectives
libre recomposition du bruit des branches et de l’écoulement des ombres et des ciels


Pour l’échappée dans le vent par dessus la barrière et les réverbères du jour
Comme une intraduisible géométrie des venelles éclairées d’un corps se recréant en lui-même
Se débobinant au fil des fils de couleur en branches naissant et s’infusant les unes des autres
Rubans des déambulations profuses
tout au long du petit toujours du long jupon mousseux des heures laiteuses
du long mobile onduleux des nuages en foulard


Duvet d’oreille prêté à l’écoute de la rivière serpentine
Velours de raisin éclatant de frais sous la langue vers des clairières innommées
Epanchement bienheureux flux qui coule et vague et ne peut se revenir en arrière ni savoir d’où il est né ni savoir d’où il naît encore
Et ce qui s’est tissé dans le fil neuf de la joie des expansions intérieures ne saura que s’infinir





Quimper, août 2007