17 juillet 2007

A la ressource


Peut-il être question de la source d’une source ? Ce n’est pas tant qu’elle puisse se tarir qui m’impressionne, c’est l’idée qu’elle puisse ne pas être qui m’arrête parfois net au milieu du gué. En somme, c’est le vertige : se retrouver suspendu au dessus du vide, et, par la seule question, tomber, parce qu’il n’y pas de réponse possible.
Ces coins de bois ne sont–ils par peuplés de fausses bonnes idées, ou d’idées trop belles pour être justes et bonnes ? S’en suivent tant de poires pour la soif qui s’assèchent dans des tiroirs pour avoir eu peur d’être laides, d’être pauvres, d’êtres rien, de ne sortir contrefaites, rabougries pas beau ratatinées, mort-nées de trop d’ambition affichée.
Alors qu’il doit s’agir de s’affranchir de ce fruit à la peau trop fine et qui se confond en sa fibre, et qui se perd de rien à se situer entre le mot et la vie, au lieu de son goût,
Alors qu’il doit s’agir de joyeusement fouir du museau dans le matériau tendre de la sensation qui s’étire, d’une matière à modeler, des coussinets moelleux pétrir le ventre tiède et doux,
Alors qu’il doit s’agir, dans ses particules recomposées, de rendre toute sa rondeur au cube, de lui dilater les papilles et de rendre et flux et flot et fluide à l’expression première du mot qui m’esclaffe d’encre.




juin-juillet 2007 - Paris